- Problématiques possibles : comment se manifeste la naissance du tyran ? (A compléter)
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Théorie du pouvoir selon Caligula
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Affirmation d'un pouvoir arbitraire
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Utilisation du mode impératif et futur simple
- Discours imposée de façon violente : phrases injonctives (« Écoute bien » et « Écoute-moi bien, imbécile »).
Ordres pour exécuter rapidement ses décisions . Ne supporte aucune répartie : Interrompt l’Intendant lui parle rudement et le menace dans sa dernière réplique. Il ne répond pas à la question de Caesonia.
- « nous ferons mourir », « nous hériterons
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les champ lexicaux de l’obligation, de l’immédiateté ou de l’urgence
- verbe devoir, les termes « obligatoirement », « sur l’heure », « sans délai », « dans la soirée », « au plus tard », « trois secondes ».
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Expression de la violence/Mépris de la vie humaine
- Violence politique : extorsion des fortunes et exécutions en masse expliquées avec des formules d’insistance :
« tous » / « toutes », « petite ou grande » ; « doivent obligatoirement » puis
« tous les habitants » / « tous les provinciaux » . Les délais impartis sont très brefs.
- champ lexical du meurtre : « ferons mourir », « exécutions », « vie humaine » « exterminer »…
- Volonté de Caligula d’ éliminer toute opposition à ses projets : « J’exterminerai les contradicteurs et les contradictions » . « exterminer » s’applique bien plus à des êtres vivants qu’à des « contradictions », On comprend donc que pour éviter les contradictions, Caligula exterminera les contradicteurs…
En mettant sur le même plan des êtres et des abstractions (polyptote) Caligula montre le peu de as qu’il fait de la vie humaine..
- Seul juge de l’importance qu’il faut accorder aux choses, à propos de « l’ordre » des « exécutions ».
- Considère qu’il est normal de tuer mais aussi de voler : « Gouverner, c’est voler (…) Pour moi je volerai franchement ». S'’érige en juge suprême, car tout le monde est coupable, exerçant le droit de vie et de mort sur chacun et ne se référant, pour sa conduite personnelle, à aucune valeur commune établie, mais surtout à aucune notion de bien ou de mal.
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Enonciation assumée
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A travers l'énonciation : Assume totalement le côté injustifiable de ses décisions, utilise à 2 reprises le mot arbitrairement » caractéristique de ses actes
- « je », parfois la forme tonique « moi », et « nous » en alternance : « pour moi, je volerai », « moi, j’ai décidé », « nous pourrons modifier ».
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Projet de Caligula (Prise de conscience de l'absurde)
- Les projets de Caligula sont clairs : s’emparer de l’héritage des patriciens, et de tous ses sujets, qui devront « déshériter leurs enfants et tester sur l’heure en faveur de l’Etat » quel que soit le montant de leur fortune. puis les exécuter « dans l’ordre d’une liste établie arbitrairement », puisque Caligula se substitue au destin, au hasard
- 1. Puisque « gouverner, c’est voler », Caligula décide de faire main basse sur toutes les fortunes, par héritage, ce qui suppose la mort, donc l’exécution de tous les riches. Sa logique repose sur le fonctionnement inique de toute forme d’impôt indirect sur les biens de consommation courante (l. 15-17). Ce qui est monstrueux, c’est de faire exécuter arbitrairement n’importe quel riche à n’importe quel moment (l. 7-10 ; 12-15). Caligula montre que l’importance accordée aux finances publiques peut conduire à mépriser la vie humaine (l. 22-25), mépris monstrueux qu’il pousse jusqu’à l’absurde.
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un Raisonnement logique mais faux
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Tout le raisonnement de Caligula repose sur la logique
- un discours extrêmement bien construit : connecteurs logiques, connecteurs temporels, conjonctions de coordination (« premier temps » (l.2) ; « A raison de » (l.7) ; « en effet » (l.12) ; « mais » (l.17), tous les moyens sont utilisés pour rendre son propos indiscutable
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Un plan clair :
- premièrement « tous les patriciens […] [devront] obligatoirement déshériter leurs enfants », puis ils seront tués « dans l’ordre d’une liste établie », et ce « en faveur de l’Etat ». Aucune place n’est laissée à l’implicite, puisque « gouverner c’est voler » autant qu'il le fasse « franchement » et qu’il « vol[e] directement les citoyens » plutôt que de le faire de manière indirecte. Il utilise donc une logique implacable à partir d’un postulat (« gouverner c’est voler ») pour justifier la spoliation directe des biens par un raisonnement par analogie (« il n'est pas plus immoral de voler directement les citoyens que de glisser des taxes indirectes »).
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Mais un raisonnement faux :
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Caligula se contredit lui-même à plusieurs reprises. Il dit tout d’abord que les patriciens seront tués « dans l’ordre d’une liste établie » pour ensuite enchaîner sur « l’ordre des exécutions n’a en effet, aucune importance », pour ensuite dire que « ces exécutions ont une importance égale » et que de ce fait « elles n’en ont point ». Ces équivalences fondées sur un pseudo syllogisme aboutissent à des absurdités logiques et à une confusion dans l’échelle des valeurs, ce qui décrédibilise son raisonnement.
- Mais Caligula n’en a que faire, puisqu'il est l’empereur, et que quelle que soit la chose qu'il veut faire, il pourra toujours la faire : il a tous les pouvoirs.
Ce discours s’apparente donc parfaitement à celui d’un tyran, les excès et la violence n’étant pas oubliés.
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pour appuyer un gouvernement monstrueux
- le fait que « gouverner, c’est voler » n’implique pas forcément le fait que la politique tenue soit monstrueuse ou violente. C’est Caligula qui veut que les choses soient ainsi en tant que tyran. Cette violence se voit notamment dans son autoritarisme : les riches « doivent obligatoirement déshériter ». Il fait les choses dans la précipitation, il faut que tout soit fait « sur l’heure », ou « dans un mois au plus tard ». Son raisonnement est basé sur l’extrémisme : il « exterminer[a] les contradicteurs et contradictions », volera, « fer[a] mourir » des gens. C’est Caligula lui-même qui rend cette politique monstrueuse, et avoue lui-même agir de manière arbitraire puisqu’à deux reprises il utilise le mot « arbitrairement ». Il est donc pleinement conscient que ce qu’il fait n’a pas de réelle justification, et est plus dans l’ordre du « caprice » d’un maître, qui n’agit pas du tout dans l’intérêt public, mais « en faveur de l’Etat » (donc dans son propre intérêt). Mais c’est moins la question de l’argent qui l’intéresse que le fait d’exercer sa volonté, sa liberté pour changer le monde à sa façon.
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Négation d el'intérêt public
- négation de l’intérêt public le conduit donc au mépris de l’autre, au mépris des humains, et donc au mépris de la vie elle-même. Cela est parfaitement caractérisé lorsqu'il dit « si le Trésor a de l’importance, alors la vie humaine n’en a pas », puisqu'il place l’argent au-dessus de tout, y compris au-dessus de la vie de ses sujets. Cela se traduit également au travers de la relation qu'il entretient avec son intendant, qu'il méprise totalement. Il le désigne en effet de manière très péjorative : « imbécile », il lui donne des ordres : « écoute bien » (l.2) ; « envoie ». Caligula va même jusqu'à lui dire que « [il] ne [lui a] pas encore donné la parole », alors même qu'il ne le laisse pas s’exprimer (« tous ceux qui pensent comme toi »), et même le menace, en lui disant que « s’il le faut, [il] commencer[a] par [l’exterminer] lui ». L’usage de la terreur et le mépris des valeurs sont les caractéristiques des tyrans. Cela relève tout autant de la perversité que du nihilisme complet allant jusqu'aux tendances suicidaires.
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Qui symbolise la naissance du tyran
- discours symbolise donc parfaitement la naissance du tyran Caligula, s’agissant des paroles avant les actes. Tous les aspects de la tyrannie y sont : absurdité, arbitraire, mépris des autres, intérêt personnel et violence. Ce personnage, ne pouvant aller contre le cours des choses : « Ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde», décide de bouleverser l’ordre de son empire au risque de le détruire et de se détruire lui-même avec. L’exercice de sa liberté absolue vient « d’un besoin d'impossible ». Mais à quoi sert la liberté quand elle abolit celle des autres ? A quoi sert la fortune quand on a fait le vide autour de soi ? La responsabilité et la liberté d’un homme n’ont de sens qu'avec la notion de solidarité. Sinon l’homme devient fou ou s’anéantit. Telle est la leçon de l’Existentialisme que Camus partage avec Sartre. En mettant en scène ce personnage sanguinaire et tyrannique, il fait aussi clairement une comparaison de Caligula avec Hitler. On retrouve également ce genre de personnage dans Ubu roi d’Alfred JARRY, mais sur le mode grotesque.
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