1. de « Thérèse ne redoutait plus la solitude » jusqu’à la fin du roman
  2. Intro
    1. Présentation auteur/ Roman...(voir autres lectures)
    2. Situation du passage
      1. rappel de « Du moins, sur ce trottoir où je t’abandonne, j’ai l’espérance que tu n’es pas seule » ainsi Mauriac s’adresse-t-il à son héroïne à la fin de la préface de son roman Thérèse Desqueyroux (1927) où il lui parle familièrement en la tutoyant. C’est précisément sur un trottoir de Paris que l’on retrouve Thérèse dans l’excipit du roman.
    3. problématiques possibles :• Comment Bernard et Thérèse se quittent-ils ? • En quoi la ville de Paris représente-t-elle la liberté pour Thérèse ? • Quelles sont les émotions de Thérèse quand elle revient à Paris ? • En quoi cet excipit marque-t-il la fin du roman ? - A quoi voit-on que ce texte constitue la fin du roman ?
    4. plan (annonce)
  3. I. Se libérer du passé
    1. un passé inscrit dans son corps
      1. : « Mais de son temps d’Argelouse, elle gardait une figure comme rongée : ces pommettes trop saillantes, ce nez court. "
        1. "rongée" est un mot fort qui marque la violence du temps d'Argelouse/ Et le "je n'ai pas d'âge" peut signifier qu'on lui a volé une partie de sa vie;
        2. Elle songea : « Je n’ai pas d’âge. »
          1. utilisation du discours direct
        3. La vie dans les landes a dégradé physiquement Thérèse. A la fin du texte, elle se maquille, parce qu’elle a une meilleure image d’elle-même.
    2. des images sombres
      1. "La route de Villandraut, le soir, entre ces pins sinistres"
      2. "Le gémissement des pins d'Argelouse, la nuit, n'était émouvant que parce qu'on l'eût dit humain". »
        1. comme si à Argelouse, il manquait la vie; qu'il n'y avait que la souffrance "gémissement des pins"
  4. II.une nouvelle place pour thérèse
    1. une solitude assumée
      1. solitude n’est plus perçue comme négative à la fin du texte (« elle riait seule comme une bienheureuse »). Cette solitude est acceptée par elle.
        1. Thérèse ne redoutait plus la solitude. Elle riait seule
    2. Un retour du plaisir des sens
      1. Pendant son isolement, après le procès, Thérèse avait perdu le gout de vivre, avait pensé au suicide...Ici, elle reprend contact avec les besoins et les désirs :
        1. « Elle eut faim »
        2. « Un chaud contentement lui venait, grâce à cette demi-bouteille de Pouilly. Elle demanda des cigarettes. »
        3. ," ici (Paris) elle pressentait déjà autour de sa chair une agitation obscure, un remous"
    3. Vivre sa vie :
      1. Une Renaissance
        1. Paris et ses "remous" s'oppose aux Landes : la ville est vivante, ce n'est pas "qu'une ville de pierres" par rapport à l'atmosphère mortifère (sinistre) de la propriété familiale.
        2. "Un jeune homme, d'une table voisine, lui tendit son briquet allumé, et elle sourit"
        3. "elle riait comme une bienheureuse"
        4. Se soucie à nouveau de son apparence
          1. « Elle farda ses joues et ses lèvres, avec minutie »
          2. . Elle redécouvre sa féminité et le désir de plaire ou de se plaire.
          3. son « costume de voyage très ajusté lui allait bien »
        5. le soin qu’elle apporte à son apprence physique (après avoir été dégradée, à Argelouse, elle revit, est prête à aller vers les autres)
      2. des échanges
        1. Champ lexical du sourire, du rire
          1. Une femme se retourna deux fois, sourit à Thérèse
          2. Un jeune homme, d’une table voisine, lui tendit son briquet allumé, et elle sourit.
          3. Elle riait
        2. elle retrouve le goût à la vie, grâce aux anonymes dont elle croise le regard
      3. La liberté
        1. Le lecteur quitte Thérèse alors qu'elle « riait seule comme une bienheureuse » et « marcha au hasard ». Elle a trouvé une forme de liberté.
        2. "Pourquoi rentrer à l'hôtel puisqu'elle n'en avait pas envie ?"
        3. « au hasard » (derniers mots du texte) insistent sur la fin ouverte, l’inconnu devant elle. Elle est désormais libre, maîtresse de son avenir.
      4. Vivre
        1. "Qu'importe d'aimer tel pays ou tel autre, les pins ou les érables, l'Océan ou la plaine ? Rien ne l'intéressait de ce qui vit, que les êtres de sang et de chair."
        2. Rejet de tout ce qui symbolise la mort "comme son corps[...] eut attiré les fourmis et les chiens, ici elle pressentait déjà autour de sa chaise une agitation obscure, un remous" "Rien ne l'intéressait que ce qui vit, que les êtres de sang et de chair" (il s'agit d'une restriction qui met à l'écart tout ce qui n'est pas la vie :"ne...que"
          1. Thérèse compare sa situation dans les landes à sa nouvelle situation, à Paris. Le remous autour d’elle, l’agitation qu’elle découvre n’est pourtant pas la même. Il ne s’agit plus d’insectes, ni d’animaux, mais d’êtres humains. A trois reprises, la solitude est
        3. « Ce n'est pas la ville de pierres que je chéris, ni les conférences, ni les musées, c'est la forêt vivante qui s'y agite, et que creusent des passions plus forcenées qu'aucune tempête.
          1. importance du discours direct
          2. donc : Mise en opposition (musée, conférence, pierres -> inaction) et Pulsion de vie (sourire, rire...) + rejet de la "mort" et de l'inaction
        4. Le gémissement des pins d'Argelouse, la nuit, n'était émouvant que parce qu'on l'eût dit humain. »
        5. "c’est la forêt vivante qui s’y agite, et que creusent des passions plus forcenées qu’aucune tempête."
          1. La « forêt vivante » désigne ici la foule des parisiens : Thérèse quitte la forêt de pins des Landes, forêt qu’elle ne trouvait pas très vivante (« ces pins sinistres »), pour une autre forêt, plus à son goût celle-là. A Paris, elle est entourée d’êtres vivants.
    4. Etrangeté
      1. "Elle riait seule comme une bienheureuse".
        1. curieuse expression du narrateur « rire seule comme une bienheureuse » qui assimile Thérèse soit à une folle, soit à une sainte : un bienheureux est une personne béatifiée par l’Eglise. Cela rejoint la « sainte Locuste » évoquée dans la préface de l’auteur.
      2. "Elle farda ses joues et ses lèvres, avec minutie ; puis, ayant gagné la rue, marcha au hasard."
        1. Mais, au lieu de confier Thérèse à la Providence divine, il la livre au hasard et à la foule ! qu'y trouvera-t-elle ?
    5. Champ lexical de l’humain, des sentiments; ce qu'elle apprécie c'est la présence humaine de la ville
  5. III. Une "fin ouverte"
    1. umberto Eco : ""Toute œuvre d'art alors même qu'elle est une forme achevée et close dans sa perfection d'organisme exactement calibré, est ouverte au moins en ce qu'elle peut être interprétée de différentes façons, sans que son irréductible singularité soit altérée. Jouir d'une œuvre d'art revient à en donner une interprétation, une exécution, à la faire revivre dans une perspective originale." in L'oeuvre ouverte, 1962
    2. Une fois Bernard parti, une fois le temps de la réflexion passé, Thérèse se montre positive : le roman se termine par une marche. Symboliquement, cela signifie qu’elle prend un nouveau départ, même si la destination n’est pas connue.
      1. "Elle farda ses joues et ses lèvres, avec minutie ; puis, ayant gagné la rue, marcha au hasard."
    3. • Une fin qui rappelle l’incipit : Thérèse marche dans la rue • Une fin qui s’oppose à l’incipit : Thérèse est seule et libre • Thérèse fait le bilan de sa vie • Thérèse est à la recherche des autres : pendant des années, elle a vécu en famille ou seule
    4. « Du moins, sur ce trottoir où je t’abandonne, j’ai l’espérance que tu n’es pas seule » ainsi Mauriac s’adresse-t-il à son héroïne à la fin de la préface de son roman Thérèse Desqueyroux (1927) où il lui parle familièrement en la tutoyant. C’est précisément sur un trottoir de Paris que l’on retrouve Thérèse dans l’excipit du roman.
    5. Thérèse est-elle un monstre ou une folle comme le laisse présager l’épigraphe de Baudelaire que Mauriac a placée au début de son roman ? Il avoue pourtant dans sa préface qu’il aurait voulu la livrer à Dieu mais a eu peur qu’on crie au sacrilège. C’est pourquoi, il lui laisse sa liberté, son libre-arbitre dans l’anonymat de la foule vivante de Paris. Y trouvera-t-elle la rédemption ou la chute ?