1. Problématiques possibles
    1. Quels procédés utilise l'auteur pour expliquer sa démarche ?/ ou comment l'auteur explique-t-il sa démarche ?
    2. Comment est présenté le projet d'écriture ?
    3. En quoi cet extrait est-il une réflexion sur le travail de l'écriture ?(ou de l'écrivain, ou de la création littéraire)
    4. Comment est construite la demande de l'écrivain ?
    5. Quelle est la fonction de cet extrait ? Quelles impressions ce passage produit-il sur le lecteur ?
  2. INTRODUCTION (éléments)
    1. Qqs mots sur l'auteur et son oeuvre :
    2. Qqs mots sur l'adversaire
    3. Situation du passage
    4. Reprise problématique et annonce du plan
    5. Exemple d’introduction : Emmanuel Carrère est né en 1957. Diplômé de Sciences Po, journaliste notamment pour Télérama, il publie son premier roman en 1983, à l’âge de 26 ans. Puis suivront de nombreux romans couronnés par des prix littéraires comme La Classe de neige, Prix Femina en 1995. Ce roman est écrit pendant qu’il travaille, avec peine sur L’Adversaire, livre inspiré par la lecture d’un article de Libération sur un fait divers qui a marqué les esprits en 1993 : J.C Romand assassine sa femme, ses enfants et ses parents pour ne pas leur révéler qu’il leur a menti sur sa vie pendant vingt ans. E. Carrère travaillera des années sur ce livre pour lequel il n’arrive pas à trouver la bonne distance, la « bonne place » comme il l’écrira dans une lettre à J.C Romand. Mais E. Carrère dira lui-même que « L’Adversaire n’est pas un roman. C’est une non fiction novel, le terme est juste. L’agencement, la construction, l’écriture font appel aux techniques romanesques, mais ce n’est pas une fiction. Mon enjeu, c’est la fidélité au réel. » L’extrait que nous allons étudier, situé au début de l’œuvre, se compose d’une lettre adressée à J.C Romand, écrite en 1993 (quelques mois après les faits) et d’un commentaire de Carrère sur cette lettre, écrit 3 ans plus tard. Nous retrouvons donc ici la particularité de ce livre inclassable dans un genre précis. L’extrait nous éclaire sur la démarche de l’écrivain, ses hésitations. Dans sa lettre, E. Carrère se présente à Romand et lui explique les raisons pour lesquelles il souhaiterait écrire sur cette « tragédie ». Puis dans le texte qui suit la lettre, il s’interroge sur les conséquences de la réponse ou non-réponse de Romand sur son projet d’écriture. Nous nous efforcerons de montrer comment le passage met en lumière la mise en place du projet d’écriture. Pour ce faire nous étudierons comment est formulée la demande d’E. Carrère et en quoi elle impacte sur son projet littéraire.
  3. I. Présentation de Carrère lui-même et de son projet
    1. Présentation de l'écrivain par lui-même :
      1. "je suis écrivain" L.10/ "auteur de sept livres" = donne de la crédibiité à la demande de Carrère en tant qu'écrivain
      2. Se livre aussi comme homme : "avant de m'y engager (dans le projet d'écriture)/ "il m'importe" ; "j'en suis hanté" : Carrère se dévoile, exprime ses sentiments.
      3. Se présente comme capable d'avoir une position différente de l'opinion commune : "à mes yeux" en ce qui concerne Romand et ses actes. Il ne juge pas. Il veut comprendre.
    2. Présentation du projet :
      1. Il présente son projet littéraire en le détachant de toute forme de voyeurisme: "pas poussé par une curiosité malsaine ou par le gout du sensationnel". Son but : "je voudrais, autant que possible, comprendre" : Il exprime un souhait ("voudrais" au conditionnel)/ et exprime qu'il a conscience de la difficulté de ce projet et de la part qui nécessairement lui échappera, la compréhension ne pourra sans doute pas être totale : mise en apposition de "autant que possible". Marque aussi une volonté d'authenticité, d'honnêteté vis à vis de Romand.
      2. Le projede Carrère est résumé dans la phrase : "ce sont ces forces terribles que je voudrais montrer à l'oeuvre". Les forces terribles donnent leur titre au roman : c'est de "l'Adversaire" dont il s'agit.c'est à dire, selon les propres termes de Carrère "ce qui ment en nous", ce satan intérieur qui peut être assimilé à l'inconscient.
      3. Mais la réalisation possible du projet est aussi présentée comme en lien direct avec les contraintes administratives, judiciaires et surtout la décision de Romand d'y adhérer ou non : construction en "Si...alors" montre ce rapport de cause/conséquence.(accord de Romand, du parquet, de l'avocat...).La coopération de Romand semble impérative : "vous consentirez à répondre à mes letres et peut-être, si cela est permis, à me recevoir"/ "savoir quels sentiments vous inspirent un tel projet". On voit l'impact décisif de la réaction de Romand sur le projet d'écriture de Carrère. Si ce dernier n'obtient pas de réponse, alors écrira "une fiction".
    3. Compassion pour Romand/ Importance donnée à sa décision/ Tact, délicatesse du propos...
      1. Carrère s'adresse à Romand avec beaucoup de précautions : "risque"; "vous heurter","cours ma chance". Il s'adresse également à Romand avec bcp d'humanité sans pour autant nier la gravité de son acte "...pas à mes yeux le fait d'un criminel ordinaire, pas celui d'un fou non plus". Il le place en objet d'une force qui le dépasse : "mais celui d'un homme poussé à bout par des forces qui le dépassent". C'est là sans doute que réside "la compassion" de Carrère pour Romand. il a agi mais a lui-même été agi : ""dont vous avez été l'agent" : le mot "agent" crée une certaine distance entre Romand et la tragédie pûisque l'agent est celui qui exécute des missions au nom d'une autorité (ici l'adversaire?). par ailleurs en grammaire on parle de complément d'agent pour indiquer une action subie...
  4. II. Genèse (naissance) de l'oeuvre littéraire/ Regard de Carrère sur sa lettre
    1. pour Carrère l'attente de la réponse à la lettre est essentielle pour la poursuite de son projet.
      1. Mais la réalisation possible du projet est aussi présentée comme en lien direct avec les contraintes administratives, judiciaires et surtout la décision de Romand d'y adhérer ou non : construction en "Si...alors" montre ce rapport de cause/conséquence.(accord de Romand, du parquet, de l'avocat...).La coopération de Romand semble impérative : "vous consentirez à répondre à mes letres et peut-être, si cela est permis, à me recevoir"/ "savoir quels sentiments vous inspirent un tel projet". On voit l'impact décisif de la réaction de Romand sur le projet d'écriture de Carrère. Si ce dernier n'obtient pas de réponse, alors écrira "une fiction". En effet s'il répond : " alors mon travail m'engagera dans des eaux dont je n'ai pas idée" / S'il ne répond pas : "j'écrirai un roman inspiré de cette affaire, je changerai les noms, les lieux, les circonstances, j'inventerai à ma guise : ce sera de la fiction" Le roman , la fiction telle qu'elle est classiquement définie apparait donc comme un pis aller, une voie de secours.
    2. L' échec de la fiction
      1. Echec de la « fiction » : j’ai commencé un roman ».. »Je me suis trouvé coincé »… »J’ai abandonné » Mais faux échec puisque le livre avorté débouche sur un autre : La classe de neige pourtant pour la création de l'adversaire, il y a échec provisoire du projet initial : Puisque « Romand ne lui (m’)a pas répondu » , Carrère a « commencé un roman », une fiction inspirée de la vie de Romand puisqu’il y était « question d’un homme qui chaque matin embrassait femme et enfants en prétendant aller à son travail et partait marcher sans but dans les bois enneigés ». Mais quelque chose ne fonctionne pas dans la fiction, si bien que « au bout de quelques dizaines de pages », il s’est « trouvé coincé » et il a abandonné ; On remarquera la brièveté des phrases qui marquent cet abandon.en lien avec la raidité avec la quelle il constate son impossibilité à continuer "qqs dizaines de pages ont suffit à assécher l'inspiration" Comme pas de réponse, commence à ecrire une fiction, J’ai commencé un roman où il était question d’un homme » l’indéfini « un homme » montre qu’il n’a plus de nom réel ; que Carrère tente de faire ce qu’il a dit (écrire une fiction) Histoire est depersonnalisée / Le conduit à l’échec. Phrase courte : « j’ai abandonné ». Or cet abandon va déboucher sur une autre livre (au thème similaire et répétitif chez Carrère) qui sera une réussite, La Classe de neige.
    3. Impossibilité d'enfermer l'adversaire dans un genre
      1. Puisque « Romand ne lui (m’)a pas répondu » , Carrère a « commencé un roman », une fiction inspirée de la vie de Romand puisqu’il y était « question d’un homme qui chaque matin embrassait femme et enfants en prétendant aller à son travail et partait marcher sans but dans les bois enneigés ». Mais quelque chose ne fonctionne pas dans la fiction, si bien que « au bout de quelques dizaines de pages », il s’est « trouvé coincé » et il a abandonné ; On remarquera la brièveté des phrases qui marquent cet abandon. Or cet abandon va déboucher sur une autre livre (au thème similaire et répétitif chez Carrère) qui sera une réussite, La Classe de neige. Mais l’expression « un livre m’est tombé dessus » montre à quel point l’œuvre peut échapper à son auteur… Carrère se croit alors libéré de son obsession de Romand. « j’ai pensé … qu’avec ce récit j’en avais fini avec ce genre d’obsessions » Mais il n’en sera pas ainsi.
  5. CONCLUSION
    1. Reprendre de manière synthétique les elements de votre explication. rappeler qu'ici Deux textes qui se complétent : une lettre et une réflexion autobiographique sur les raisons de cette lettre et son importance sur le projet d'écriture... Donc une réflexion sur le travail de l'écrivain, de l'écriture et sur la génèse du projet. et la difficulté à classer L'Adversaire dans un genre précis
  6. Questions entretien
    1. Questions autour de l’œuvre : • Pourquoi Carrère dit-il que son roman est un non-roman ? • Comment définiriez-vous le genre romanesque ? • Connaissez-vous d’autres œuvres qui traitent de faits divers ? • Pensez-vous que le lecteur puisse s’identifier au personnage de Carrère ? • Avez-vous aimé ce livre ? Pourquoi ? • Un roman inspiré d’un fait réel est-il plus/ moins intéressant pour vous ? Pourquoi ? • A quoi tient le caractère insaisissable du personnage de Romand ? • Pourquoi les meurtres de Caroline et d’Antoine sont-ils rapportés autrement que ceux de Florence et des parents (Récit) ? • Quel est le rapport entre ce texte et tel document complémentaire ? • Avez-vous apprécié́ ce texte et pourquoi ? • Quel est l’intérêt de cette œuvre ?
    2. Pensez-vous que la fiction puisse atteindre une vérité que la réalité ne peut atteindre ?
    3. Carrère parvient-il à "comprendre les forces terribles à l'oeuvre ?