-
Problématique
- Montrer comment cet extrait provoque le rire et propose une scène de comédie d’un genre nouveau
-
Une bonne d'un nouveau genre
-
effet de surprise à l'entrée de Mary
- n’est pas attendue et vient interrompre le départ de M. et Mme Smith pour leur chambre
- Mary commence par se présenter au public, rompant ainsi l’illusion théâtrale.
- elle vient annoncer une chose qui n’a jamais été dite par les Smith (des invités sont attendus pour le dîner) et qui semble même impossible par rapport aux informations délivrées dans la scène précédente.(Mme Smith donne dans le détail ce qu'ils ont dinés)
- d’emblée elle s’écarte du modèle classique par ce qu’elle dit en entrant (au lieu de dire « Madame » ou « Monsieur » et de donner les informations qu’elle doit donner, elle se présente au public), puis par son apparente folie (l. 212-213).
-
une bonne "classique"
- Le personnage de Mary remplit la fonction traditionnelle (que l’on appelle aussi l’emploi)
- vient annoncer l’arrivée des invités.
-
Elle a les caractéristiques de la bonne de vaudeville :
- semble avoir des moeurs assez légères
- paraît quelque peu méprisée et maltraitée par ses patrons
- peut être insolente
-
Incohérence et déconstruction du personnage
- Incohérence de la didascalie et la réplique des lignes 212-213
- traverse des états successifs sans cohérence psychologique
-
fait une annonce (« Je me suis acheté un pot de chambre ») qui n’a rien à voir avec ce qui précède et semble totalement déconnectée de la situation
- Que ne relèvent même pas les Smith !
- Le personnage s’apparente à un pantin agité d’émotions non justifiées et juxtaposées, débitant des phrases plus ou moins en rapport avec la situation.
- Ionesco casse la notion même de personnage.
-
Logique théâtrale mise à mal
- Ionesco fait entrer la bonne quand il ne se passe rien...Par exemple qd les époux se disputent, ce qui serait le c
-
Logique bouleversée
- alors que tout le début de la première scène parle du repas qui vient d’avoir lieu, détaillant même le menu, les Smith affirment maintenant qu’ils n’ont rien mangé de toute la journée.
- Ils affirment également qu’ils attendaient les Martin, alors qu’il n’en a jamais été question et qu’ils partaient se coucher quand Mary est entrée.
-
Un récit inutile
-
Ionesco utilise le récit pour raconter le "hors scène" ce qui est normal au théâtre mais ici :
- ce qui est raconté n’a aucun intérêt pour ce qui se passe sur scène (récit de Mary),
- entre en contradiction avec ce qui a déjà été dit de ce même passé proche (Mme Smith déclare n’avoir pas mangé
- non seulement le récit décrit un hors-scène banal et n’a pas d’utilité dramaturgique claire, mais
en outre il crée et recrée des situations différentes, qui sont toujours susceptibles de changer.
-
Un propos décousu
- La réplique de Mme Smith est composée d’une suite de phrases courtes qui ne sont reliées par aucune coordination logique explicite
- comme si chaque phrase apportait une nouvelle information dont la phrase suivante développe la conséquence. La logique se crée au fur et à mesure de l’énonciation. Le rythme et la construction créent ainsi un effet mécanique qui casse la logique attendue.
-
Une comédie du langage
-
Mme Smith reprend les informations données par Mary.
- cette reprise est aussi une variation :
la phrase simple devient phrase complexe (introduction d’une subordonnée complétive) qui implique
un changement de personne (passage du je au vous). Cela fait penser à un exercice d’apprentissage
linguistique (influence de la méthode Assimil sur l’écriture de la pièce, comme le dit Ionesco lui-même
dans Notes et contre-notes)
-
Langage et pouvoir :la patronne qui s’exprime plus correctement que
son employée
- Mme Smith ne reprend pas tous les éléments du récit de
Mary et opère quelques modifications : non seulement elle résume, mais elle corrige des imperfections
de langue. Ainsi le « j’ai été » (l. 197), qui appartient à un niveau de langue peu soutenu, devient « vous
êtes allée » (l. 201). La reprise apparaît alors comme un résumé-corrigé de la réplique de Mary.
-
M. Smith intervient deux fois au cours de cette scène.
- Ces deux répliques sont brèves et de forme exclamative : « Et le journal ! » (l. 203), « On ne l’a pas fait exprès ! » (l. 211). Elles viennent ponctuer le dialogue : dans le premier cas, la réplique clôt le premier échange, dans le second cas, elle répond de façon définitive à l’amorce de justification de Mary. Non seulement M. Smith apparaît, comme dans le début de la première scène, comme un homme de peu de mots, mais ses répliques participent en outre à la musicalité de l’échange verbal et à la composition rythmique de la scène : elles créent deux groupes de répliques qui s’enchaînent de façon identique (Mary/Mme Smith/M. Smith) et qui constituent alors deux unités rythmiques fortes.
-
dialogue se construit sur un effet de répétition/variation
- Mme Smith reprend ce que vient de dire Mary. Ce qui est frappant, c’est l’inutilité de cette reprise. Ionesco crée ainsi un effet mécanique, encore accentué par la ponctuation de M. Smith (« Et le journal ! »).
- La deuxième réplique de Mary (l. 204-206) n’est aucunement liée aux répliques qui précèdent : elle donne mécaniquement des informations – l’effet mécanique étant accentué stylistiquement par la juxtaposition des phrases, sans mot de liaison (parataxe). Enfin, la dernière réplique de Mary (l. 212-213) est en décalage absolu par rapport à la situation et ne constitue pas une réponse à l’attaque qu’elle vient de subir : elle énonce une phrase qui semble jaillir de nulle part, annonçant les éructations finales de la dernière scène.
- Le dialogue semble ainsi se
construire davantage sur des jeux de langage qu’en fonction d’une action dramatique claire.
- Le fil de la conversation ordinaire est constamment rompu, les phrases et les mots semblent s’enchaîner de façon mécanique et absurde. C’est le décalage par rapport au modèle attendu de l’échange verbal normal qui provoque le rire.
-
Questions oral
-
qu'estce que le registre comique ?
- Parmi les registres comiques, on distingue le registre parodique et le registre satirique.
Parmi les types de comique : comique de mots, comique de situation, comique de caractère. Parmi les
procédés comiques, le non-sens, le burlesque, l’ironie.
-
Donnez des règles théâtrales
- Le texte de théâtre se caractérise par la notion d’action : l’histoire n’est pas racontée, elle
est représentée en action par des personnages qui la vivent. Le texte dramatique est composé d’une
part par les didascalies, de l’autre par les répliques. La parole est donc prise directement en charge
par un personnage et liée à une situation et à un espace et se caractérise par le principe de la double
énonciation. On peut ensuite définir certains principes dramaturgiques qui régissent l’écriture pour
le théâtre, mais ces principes évoluent et ne sont plus forcément valables pour certaines écritures
contemporaines, Ionesco lui-même participant, avec La Cantatrice chauve, de leur déconstruction :
l’exposition qui participe à la construction de l’intrigue se résout dans le dénouement.
On pourra ouvrir la réflexion en abordant la question de la mimesis et de l’illusion mimétique théâtrale,
question que Ionesco met particulièrement en évidence dans son texte « Expérience de théâtre
» (Notes et contre-notes) : pour lui, la difficulté du théâtre tient au fait que la réalité concrète (celle
de la représentation) vient détruire la réalité imaginaire construite par le texte, et que cette réalité
imaginaire est par ailleurs limitée à cause des exigences de la représentation (contrairement à la
réalité imaginaire créée par le roman dans lequel tout semble possible).