1. Problématiques possibles
    1. En qui cet extrait montre-t-il la difficulté de l'entreprise de Carrère ?
    2. Quels sont les enjeux de ce voyage pour lauteur ?
    3. En quoi ce passage aide-t-il à comprendre les liens qui se tissent entre les deux hommes ?
    4. Le narrateur parvient-il à comprendre vraiment Romand ?
    5. En quoi ce texte témoigne du lien étroit entre Romand et Carrère ?
    6. Comment se manifeste l'ambiguité des sentiments de Carrère
    7. a travers ce passage, comment le lecteur perçoit-il Romand ?
  2. INTRODUCTION (éléments)
    1. Même début que pour la LA1 mais modifier situation du passage
    2. Situation : Carrère a accepté de répondre à la lettre de Romand et un échange épistolaire s'est mis en place. Peu avant l'ouverture du procès, Carrère décide de se rendre sur les lieux de l'affaire d'après les indications données par Romand lui-même.
    3. Structure de l’extrait 1° paragraphe : le parcours lui-même ; téléguidé par Romand 2° paragraphe : évocation des sentiments contradictoires d’E. Carrère et analyse de la résonance surprenante qu’il perçoit.
  3. Tentative pour entrer dans la peau de l'autre
    1. « J’ai voulu voir les lieux où il avait vécu en fantôme » Dés la 1° phrase, on notera le lien qui dans la même phrase unit les deux hommes : « J’ai voulu…il avait vécu » : je/il dans la même phrase. Parallélismes : « J’ai traîné seul là où il trainait seul » ; Une volonté de connaître, en « mettant mes pas dans ceux de cet homme » ; Mais aussi : un parcours accéléré des lieux importants de la vie de Romand, condensée en une seule phrase :  « J’ai vu le hameau de son enfance, le pavillon de ses parents, son studio d’étudiant à Lyon, la maison incendiée à Prévessin, la pharmacie Cottin où sa femme faisait des remplacements, l’école Saint-Vincent de Ferney. » Puis d’autres lieux liés au mensonge, dans une phrase plus longue et qui associe ces lieux, la longueur et la répétition des longues journées vides de Romand : « sur des chemins forestiers du jura et, à Genève, dans le quartier des organisations internationales où se trouve l’immeuble de l’OMS » . Carrère semble chercher à ressentir la solitude de Romand : « où il avait vécu en fantôme » ; «  Je n’ai parlé à personne. J’ai traîné seul là où il trainait seul ses journées désœuvrées » « cet homme errant sans but, année après année, replié sur son absurde secret qu’il ne pouvait confier à personne et que personne ne devait connaître sous peine de mort. »
  4. Entre empathie, fascination et répulsion
    1. Chez Carrère ici un dilemme qui est d’être à la fois fasciné par l’histoire de cet homme et qui tente de le « retrouver », de le comprendre et qui en même temps ressent – au même monment- une forme de répulsion qui surgit sous la forme d’images : « puis je pensais aux enfants » / « horreur à l’état brut »/Retour brutal à la réalité du crime. Carrère semble dire que sa fascination pour le cas Romand lui échappe : « Et je me retrouvais choisi »la forme passive du verbe indique que Carrère n’a pas décidé,choisi comme Romand n’a pas choisi, habité par son « adversaire »… Mais cette résonance le met mal à l’aise, parce que il est « choisi » mais «  par cette histoire atroce ». l’adjectif ici insiste sur cette double postulation entre empathie et répulsion. On retrouve cela à plusieurs reprises : «  entré en résonnance » marque cette empathie, mais là aussi la phrase se clôt sur la dimension atroce de la situation : « avec l’homme qui avait fait ça ». Carrère aussi dans cette affaire est confronté à son « adversaire » qui ne le lacjhe pas : « J’avais cru en avoir fini avec ces histoires de folie, d’enfermement, de gel »/ il a tenté d’y échapper, a cru y échapper mais c’est plus fort que lui. Cette idée est récurrente : »ma vocation particulière » et malgré « la honte » et « la peur », il continue. « peur et honte » plus de verbe donc focalisation sur les états émotionnels négatifs et le sentiment de répulsion. « peur. Peur et honte. Honte » Carrère est tiraillé entre l’envie de fuir, la honte et en même temps une impossibilité de « fuir », de résister à cette « vocation » Après avoir exprimé la solitude innommable qui devait être celle de Romand pour lequel il ressent «  de la pitié, une sympathie douloureuse » lorsque comme lui, sur ses traces, il erre «  sans but, …, replié sur son absurde secret qu’il ne pouvait confier à personne et que personne ne devait connaître sous peine de mort ». Mais survient alors la terrible réalité, qui interrompt l’empathie, la rend quasiment impossible : « Je ressentais de la pitié, une sympathie douloureuse en mettant mes pas dans ceux de cet homme errant sans but, année après année, replié sur son absurde secret qu’il ne pouvait confier à personne et que personne ne devait connaître sous peine de mort. Puis je pensais aux enfants, » et à l’« horreur à l’état brut ». On retrouve la même idée d’empêchement à faire autrement dans la phrase « Etait-il encore temps de fuir ? » l’emploi du verbe « fuir » montre bien ce qu’il y a d’effrayant dans cette résonance. Mais la question indirecte qui suit est en fait une réponse qui rappelle l’idée d’être « choisi » : «  Ou était-ce ma vocation particulière d’essayer de comprendre ça, ». Et l’emploi du démonstratif « ça » connote bien l’indicible, l’incapacité à nommer clairement ces évènements terrifiants. Le ça, en psychanalyse, c’est l’inconscient, lieu obscur et difficilement contrôlable, et d’une certaine façon, c’est aussi peut-être « l’adversaire ». Quoiqu’il en soit cet intérêt, cette fascination produit des sentiments contradictoires : « J’avais peur. Peur et honte. » L’absence de verbe permet d’insister sur ces deux états émotionnels négatifs. Comment faire pour justifier de s ‘intéresser à une monstruosité pareille : « Honte devant mes fils que leur père écrive là-dessus ». Ainsi si Carrère est profondément touché par l’errance, la solitude abyssale de Romand, arrive toujours un moment ou l’ »horreur » vient en quelque sorte bloquer la résonance. C’est un mur contre lequel la volonté de comprendre, de « se mettre dans les pas de l’autre » se fracasse. Mais il y a aussi cette force inconsciente qui pousse à vouloir comprendre. Et qui rappelle la force de « l’adversaire ».
  5. Mise à distance
    1. L’intensité de ce qui est ressenti, du conflit entre empathie et répulsion, oblige sans doute Carrère à se distancier un peu. Ainsi en est-il de la phrase « J’avais cru en avoir fini avec ces histoires de folie, d’enfermement, de gel. Pas forcément me mettre à l’émerveillement franciscain avec laudes à la beauté du monde et au chant du rossignol, mais tout de même être délivré de ça ». (reference religieuse ; allusion à la foi contemplative) c’est à dire …Il pense s’être libéré et pouvoir se tourner vers plus de légèreté « laudes à la beauté » mais en réalité il n’est pas libéré. (laudes = louanges) Limites de la rencontre avec l’autre : « je suis passé devant son cabinet mais ne suis pas entré/ mais je ne connaissais pas la place de cette croix et je ne suis pas allé au-delà du hall./ instinctivement fermer les yeux, secouer la tête pour que cela n’ait pas existé./ »
  6. Rôle de Romand
    1. C’est lui qui a préparé minutieusement l’itinéraire de Carrère : « muni de plans qu’à ma demande il avait dessinés avec soin, d’itinéraires commentés », « l’ordre chronologique qu’il me suggérait ». ‘emploi du pluriel montre la quantité d’informations que Romand a donné à Carrère. Romand s’est investi dans ce pèlerinage comme s’il le faisait lui-même. Il le dit d’ailleurs : (« Merci » «  reparcourir cet univers familier », « parcours très douloureux » , « plus facile à partager avec quelqu’un qu’à refaire seul… »).Tout ces éléments montre l’investissement de Romand dans sa relation avec Carrère avec qui il développe un lien privilégié. « Merci de me donner l’occasion de reparcourir »paroles rapportées au DD ,montrer l’homme, on est dans le réeel ; ici pas de narrateur omniscient !!! Lien fort ; complexe et contradictoire entre Carrère et Romand
  7. CONCLUSION
    1. Comme dans l’incipit, Carrère continue ici à montrer les étapes de ses interrogations au cours de son cheminement dans l’écriture. Le narrateur-auteur est ici très présent et une fois de plus noue sa propre histoire avec celle de Romand. En tentant de comprendre Romand, il cherche à se comprendre lui-même.
  8. Questions entretien
    1. voir LA1