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Problématiques possibles
- Comment le narrateur s'y prend il pour reconstruire l'histoire de Romand ?
- Comment le narrateur se manifeste-t-il à travers le récit du meurtre des parents?
- Sous-sujet 1
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INTRODUCTION (éléments)
- Même début que L;A1
- Situation : ce passage suit immédiatement le récit du meurtre des enfants.
- Contrairement au récit du meurtre des enfants pris en charge par Romand (lors du Procès), ici c'est le narrateur qui reprend le récit. Ces changements de procédés donnent évidemment au livre sa dimension hybride, inclassable . Néanmoins, c'est un narrateur qui reste distant
- Structure du texte : alternance entre les éléments fournis par l'enquête et les questions que se pose le narrateur. (ce que j'ai appelé le mille-feuilles)
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Neutralité apparente du narrateur
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Un narrateur discret
- absence de "je". il s'agit d'un récit à la 3° personne "il a passé..." / ou bien "on sait"; "comme nous" qui exprime le collectif auquel appartient le narrateur.
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Prise en charge du récit
- le narrateur semble se contenter de rapporter ce que d'autres savent aussi : "on sait que..."/ L'"autopsie a révélé que".. Il s'appuie sur le dossier de l'instruction et les bribes de souvenirs de Romand.
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Une écriture neutre, qui refuse le pathétique ou la dramatisation
- Phrases courtes, sans emphase. Ton assez neutre, pas de lexique affectif. Le meurtre du chien est tu (Ellipse): "après l'avoir abattu". Les victimes deviennent sujet des verbes : "il a reçu les deux balles"; "Elle seule a reçu les deux balles"
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Utilisation de plusieurs formes de discours
- Utilisation d'une technique romanesque classique : faire alterner récit et discours. Discours direct : "« J’ai pensé qu’il fallait que Caroline l’ait avec elle, dit-il. Elle l’adorait »., indirect : "il dit que dans sa chute" et unétrange passage au présent qui suggère un discours indirect libre: "Il ne se rappelle pas le trajet. Il se rappelle s’être garé devant la statue de la Vierge que son père entretenait et fleurissait chaque semaine. Il le revoit lui ouvrant ..."(c'est le seul pasage au présent)
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Romand, Homme ou monstre ?
- Un assassin sans mémoire : Incertitude/ oubli de Romand : utilisation du présent : « Il ne se rappelle pas le trajet. Il se rappelle s’être garé ... Il le revoit lui ouvrant le portail. Ensuite, il n’y a plus d’image jusqu’à sa mort". » : entre le moment de l’acte et celui de l’écriture, aucun souvenir. Très ambigu parce que le présent donne l’impression que Romand est en train de s’exprimer (Forme de discours indirect libre ? ) . Lien étroit entre Romand et Carrère. ou encore : "Comme il se l’est rappelé lors de l’un des interrogatoires pour dire ensuite qu’il n’en avait plus le souvenir"/
- un assassin attentionné : il fait en sorte d'éviter à ses victimes une souffrance physique et morale. (comme pour les enfants) mais peut-être veut-il aussi s'épargner à lui-même d'avoir à les affronter, comme il l'a toujours fait. Il est soucieux de la dignité de sa mère, il lui remet son dentier ! et surtout, les deux victimes sont recouvertes d'une sorte de linceul :"Son fils l’a recouvert d’un dessus de lit en velours côtelé lie de vin qui n’avait pas changé depuis son enfance"/ "il dit que dans sa chute, elle a perdu son dentier et qu’il le lui a remis avant de la recouvrir d’un dessus de lit vert". Même chose pour le chien : "Après l’avoir abattu, il l’a recouvert d’un édredon bleu."Sorte de rituel funèbre, respect des morts ou forme de déni ?
Par ailleurs il tue le chien pour sa fille "J’ai pensé qu’il fallait que Caroline l’ait avec elle, dit-il. Elle l’adorait ».
- Un assassin qui cherche à comprendre : "en essayant comme nous de reconstituer les faits".
- Un assassin précautionneux et organisé : "il a passé une vieille veste et un jean, mais accroché au porte-manteau de la voiture, un costume de ville en prévision du dîner à Paris. Il a mis dans son sac une chemise de rechange et sa trousse de toilette". Préméditation ? De même "les coups de feu, tirés avec le silencieux. Il l’a fait venir dans le salon dont on ne se servait pas..."
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Réalité dévoilée par la fiction ?
- Questions de Carrère sont des tentatives d'atteindre à la réalité des faits : "Pourquoi Aimé Romand se serait-il inquiété..."/ "Il n'a probablement rien dit du tout"...
- Mais les questions restent sans réponse. Elles ne sont que des hypothèses "probablement"; "peut-être". "s'est elle retournée plus tôt" ? "A-t-elle dit ?"... De même les questions à la fin du repas : " A-t-il mangé, lui ? Sa mère a-t-elle insisté pour qu’il le fasse ? De quoi ont-ils parlé ?"
- la répétition x3 de « il a du » qui montre l’hypothèse proposée par Carrère = reconstituer la totalité des micro évènements jusqu’au crime, découvrir la vérité ? mais cela s'avère impossible.
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CONCLUSION
- Ce récit du meurtre des parents fait écho au précedent, le meurtre des enfats mais cette fois sous forme de récit organisé et pris en charge par le narrateur.(Dans le précédent on avait plutôt affaire à une transcription de ce qui se pasait au tribunal, avec effacement du narrateur).
- Ici, il s'agit bien d'une page de roman : présence discrète mais claire du narrateur à travers les questions qu'il se pose, le choix des faits qu'il rapporte, les choix de certains détails au détriment d'autres, l'organisation du récit, et le choix d'une tonalité neutre, sans pathétique ni dramatisation et sans volonté de jugement. Enfin, Carrère met en filigrane l'adversaire, cette instance psychique, ce satan qui pousse Romand à tuer.
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Questions entretien
- Carrère parvient-il à "comprendre les forces terribles à l'oeuvre ?
- Pensez-vous que la fictio puisse atteindre une vérité que la réalité ne peut atteindre ?